Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/528

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de réponse à cet argument. On poussa même le raisonnement jusqu’à affirmer que rien n’empêchoit que le nez d’un homme ne devînt aussi gros que le reste de son corps.

Quelle sottise ! répondit un autre docteur ; cela ne pourra jamais se réaliser tant que l’homme n’aura qu’un estomac et deux poumons : car enfin, si l’estomac est le seul organe que la nature ait destiné pour recevoir les alimens, pour les convertir en chyle : si les deux poumons sont également les seuls viscères qui opèrent la sanguification, il n’est pas possible qu’ils fassent plus que la nature ne l’a déterminé… Ils sont d’une forme et d’une force que la nature a irrévocablement fixées ; ils ne peuvent former qu’une certaine quantité de sang dans un temps donné, etc… delà il est évident que si le nez d’un homme étoit aussi gros que son corps, il s’ensuivroit que l’homme ou son nez tomberoit en putréfaction. Le nez se sépareroit de l’homme, ou l’homme de son nez : répondez à cela.

Si j’y réponds ! La nature s’accommode à tout. Eh ! sans cela, que diriez-vous d’un bon estomac et de deux excellens poumons qui appartiendroient à un homme à qui l’on auroit coupé les jambes et les bras. Diriez-vous que l’estomac et les poumons seroient