Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/532

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les maîtres responsables des délits de leurs domestiques.

Halte-là, s’écrièrent quelqu’autres jurisconsultes ; on met ici trop de rigueur, et ce n’est pas le cas d’un décret.

Non ?… certainement, et la raison en est simple. L’étranger ne s’est pas caché. N’a t-il pas dit expressément qu’il étoit allé au Cap des Nez, et qu’il en avoit rapporté celui-là ? si l’on décrétoit tous les voyageurs qui rapportent des choses curieuses ou utiles des pays où ils vont, personne ne sortiroit de chez soi. L’intérêt de la société s’oppose donc ici au décret en question.

Mais c’est une sottise que l’étranger a débitée. Il n’existe dans l’univers aucun coin de terre, aucun promontoire qui soit connu sous le nom de Cap des nez.

Qui vous l’a dit ?

Les géographes.

Ils n’en parlent pas.

Et c’est pourquoi je les cite : je m’en rapporte à leur silence.

Le Bâtonnier, homme mûr, réfléchi et le plus habile, comme de raison, d’entre tous les habiles, crut pouvoir décider la chose par une ample dissertation sur les phrases proverbiales. Elles ont, dit-il, un sens allégorique