Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/536

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la soif et la faim, et n’eussent dormi de huit jours, comme vous eûtes alors le courage de le faire ?

Le voyageur avoit promis de repasser par Strasbourg le trentième jour. — Sept mille carosses, (Slawkembergius s’est sans doute trompé dans ses caractères numériques) sept mille carosses, quinze mille charettes, vingt mille cabriolets chargés de préteurs, de conseillers, de syndics, de bourgmestres, d’avocats, de procureurs, de médecins, de chirurgiens, d’apothicaires, de docteurs, d’abbés, de prêtres, de nonnes, de béguines, de veuves, de femmes, de filles, de moines, de chanoines, l’abbesse de Quedleimbergh ouvrant la marche avec ses quatre grandes dignitaires dans une calèche, le fretin suivant pêle-mêle, à pied, à cheval, les uns conduits, les autres entraînés, quelques-uns voguant sur le Rhin, tous levés avant le soleil, sortirent de la ville pour aller au-devant de l’étranger.

L’impatience avoit calculé le temps qu’il devoit mettre pour arriver à l’endroit où il étoit attendu. Midi sonne, il ne paroît point. — Il aura sans doute retardé son départ de quelques heures. — On le verra sûrement avant la fin du jour. Mais la nuit approche,