Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/535

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Mais s’il ne l’étoit pas.

Oh ! si, si, si, si, si, si.....

Il s’éleva une nouvelle dispute sur l’étendue et sur les bornes de la puissance divine. On alla si loin qu’il ne fut plus question de l’objet ; le nez de l’étranger n’étoit plus qu’une frégate lancée dans le golfe de la théologie scholastique.

L’imagination des Strasbourgeois ne s’alluma que plus vivement par la confusion qui régnoit dans toutes ces discussions. Plus elles étoient obscures, plus elles les jetoient dans l’enthousiasme.

Leurs docteurs embarqués sur le vaste océan des sciences, et entraînés par la force des courans contraires, étoient précisément comme Pantagruel et ses compagnons qui cherchoient l’oracle au fond d’une bouteille, et qui attendoient sur le rivage le succès de quelque heureuse entreprise.

Pauvres Strasbourgeois ! qu’aviez-vous de mieux à faire ? comment sortir de cet embarras ? je ne vous ferai point de reproches sur votre résignation docile à l’attente des événemens. Pauvres Strasbourgeois ! moi ! je ne veux faire que votre éloge.

Quelle est la ville dont tous les habitans, tourmentés par la curiosité, eussent souffert