Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/540

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posoit le lit le plus mollet de l’Alsace, s’étoit rassemblé en une telle multitude de petites boules, qu’il ne put dormir de toute la nuit. Il se leva au point du jour. Diego se trouva éveillé aussitôt que lui, et par une belle aurore, il lui remit la lettre de sa sœur.


Seigneur Diégo,

Que les soupçons que m’inspire votre déguisement soient fondés ou non, c’est ce qui m’inquiète le moins dans ce moment. Il me semble qu’il doit vous suffire que je n’aie pas la force de les supporter plus longtemps.

Que je vous connoissois mal, quand je vous fis dire par ma Duegne de ne plus reparoître sous ma jalousie ! mais que je vous connoissois bien peu, ô Diégo ! lorsque je m’imaginois que vous seriez resté à Valladolid pour dissiper mes doutes !… Deviez-vous donc m’abandonner parce que je m’étois trompée ? et soit que mes craintes fussent imaginaires ou réelles, deviez-vous ainsi prendre les choses à la lettre, et me livrer au plus affreux désespoir ?

Mon frère vous dira combien j’ai souffert ; il vous dira combien je me suis repentie du