Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/552

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mon père avec plus de promptitude dans son ancienne posture que cette réponse.

Grand Dieu ! s’écria mon oncle Tobie, prends pitié de nous : et Trim entra.



CHAPITRE LXVII.

Générosité de mon oncle.


Trim, dit mon oncle Tobie, n’est-ce pas du régiment de Makai, qu’étoit ce grenadier qu’on fit si impitoyablement passer par les verges à Bruges ?

Hélas ! oui, et il étoit innocent le pauvre garçon. On ne l’en battit pas moins presqu’à mort. Ils auroient mieux fait de le fusiller sur-le-champ, comme il le demandoit : son ame n’auroit fait qu’un vol jusqu’au haut du ciel, car il n’étoit pas coupable.

Je le crois, dit mon oncle.

Ah ! monsieur, je n’y pense jamais que je n’aie la faiblesse de pleurer.

Les larmes, Trim, ne sont pas toujours une preuve de foiblesse. Je l’éprouve moi-même.

Je sais bien, dit Trim, que monsieur pleure souvent ; et c’est aussi ce qui m’empêche d’avoir honte de moi-même. Eh ! monsieur,