Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/567

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et que pour en faire mouvoir une partie, elle régla qu’ils laisseroient l’autre en repos. — Cette règle est universelle. Je n’y connois qu’une exception, c’est quand je saute, ce qui m’arrive rarement….

Et ce qui auroit pourtant pu vous arriver tout-à-l’heure, dit mon oncle Tobie…

Je l’avoue, répliqua mon père. Il y a cependant encore, continua-t-il, une exception, c’est lorsque je vais à cloche-pied. Mais cette manière d’aller et l’action de sauter, sont des mouvemens convulsifs dont on ne peut conclure autre chose, sinon que l’homme, dans son libre arbitre, fait souvent des écarts qui ne sont pas sans danger… La machine humaine est quelquefois toute détraquée par un saut imprudent : on se fatigue jusqu’à l’excès, en ne faisant qu’une très-petite course à cloche-pied. — Aussi est-ce de là que j’ai principalement appris que nous ne marchions bien, que par le mouvement et le repos alternatif de nos jambes et de nos pieds. Apparemment que celui qui a fléchi sous moi, n’étoit pas celui qui devoit agir….

Sûrement ! dit mon oncle Tobie. Une fois que l’on connoît le principe des choses, reprit mon père, on rend aisément raison de tout ce qui peut y être relatif. Mais Aristote qui