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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/584

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Je ne connois rien qui soulage avec plus d’efficacité, ni plus promptement, un auteur désespéré.

Que la nature est bonne ! la faculté, dans tous les accidens de la vie, hésite, tâtonne, et laisse presque toujours empirer le mal. Mais la nature ? la nature nous fait tout aussitôt connoître le remède.

Ou je frappe du poing sur la table, ou du pied sur le carreau.

Ou bien, je lance avec fureur et horisontalement mon bonnet sur mon lit.

Une autrefois, je me lève et je fais trois ou quatre tours dans ma chambre, à pas convulsifs.

Je jure, je tempête, je renverse ma chaise, je déchire mon papier… Eh ! que fais-je ?… je sais que cela me guérit. Comment ? voilà ce que j’ignore. J’en sens l’effet ; mais un voile épais en couvre la cause. Ce n’est pas le résultat d’un calcul. Qu’est-ce donc ? un pur instinct, une impulsion machinale à laquelle nous ne pouvons pas résister. Mais ce n’est pas là une solution dont l’esprit puisse se contenter..... Vous êtes difficile. Apprenez qu’il y a une foule d’autres choses dont il nous est impossible de rendre raison : nous vivons au milieu des mystères et des énigmes.