Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/587

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Tu confonds, Trim, et tu prends le boulingrin pour l’appartement de ma sœur. Trim s’aperçut aisément qu’il avoit pris le change. Une profonde révérence fut sa seule réponse, et l’instant de silence qu’il y eut, lui donna le temps de faire une réflexion fort sensée.

Deux malheurs sont trop à-la-fois, dit-il en lui-même, pour qu’on en parle en même-temps. —

La vache a porté le ravage dans nos fortifications : laissons-là cet accident, n’en parlons pas, et voyons de quoi il s’agit ici.

Mon oncle Tobie, bien sûr que Trim se trompoit, et confirmé dans cette opinion par la révérence qu’il lui avoit faite, reprit bientôt son discours. —

Mon frère, dit-il, ne pense jamais comme les autres. Pour moi, je ne vois pas qu’il y ait une si grande différence entre le nom de Tristram et celui de Trismégiste, et que mon neveu eût plus gagné au nom de Trismégiste qu’au nom de Tristram..... En mon particulier, cela m’est égal ; mais mon frère en est si affligé, que je donnerois volontiers cent guinées pour réparer cette erreur.

Moi, dit Trim, je ne donnerois pas une épingle.

Ni moi un cheveu, reprit mon oncle Tobie,