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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/595

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ferme. Mais mon oncle vit qu’il y avoit encore un peu d’aigreur, et il n’envoya chercher personne.



CHAPITRE LXXXVII.

Ma manière d’agir.


Mon oncle Tobie laissa donc encore mon père à ses sombres réflexions. Il continua, de son côté, à faire les siennes. Et pourquoi n’en ferai-je pas aussi, moi ? il me semble qu’en voici une qui est très-importante. C’est que voilà déjà, si je ne me trompe, deux gros volumes à-peu-près, que j’ai parcourus au grand galop sur mon pégase sans regarder autour de moi pour voir si je n’éclaboussois personne… Si quelqu’un avoit à se plaindre !… en vérité, j’en serois au désespoir : ce seroit contre mon intention. Je me souviens que quand je mis le pied à l’étrier, je promis de ne blesser qui que ce fût, que je galoperois de mon mieux, mais que si je rencontrois quelqu’un sur ma route, je me détournerois pour le laisser passer. Ce fut dans cette idée que je donnai le premier coup de fouet ; et depuis ce temps, mon coursier, grace au ciel, n’a cessé de galoper à son gré.