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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/596

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Et voici une seconde réflexion. Faites la même course : ne la faites que dans la même intention ; il y a, malgré cela, cent contre un à parier que vous ferez jaillir quelques flaquées de boue sur quelqu’un, ou que vous vous en couvrirez vous-même, s’il ne vous arrive pis.

Il est si difficile de se tenir dans l’équilibre entre ce double danger !

Voyez un peu tous ces gens qui s’en vont devant moi battant la campagne, et tenant une plume à la main..... De combien d’accidens divers ne sont-ils pas la victime ? mais sans se faire la triste peinture de toute leur misère, qui varie à l’infini, voyez seulement celui-ci. Voyez comme il est balloté au milieu de cette foule de critiques ! Son pégase rue de toutes parts, et ce n’est que pour le culbuter. Il tombe et va se fendre la tête contre la botte d’un Aristarque. Voyez encore cet autre qui court à bride abattue, et qui attire sur lui les yeux de cette multitude de peintres, de sculpteurs, d’architectes, de poëtes, d’orateurs, de musiciens, des biographes, de médecins, de comédiens, de philosophes, de théologiens, de casuistes, de prélats, de militaires, de princes… il triomphe. Voilà des admirateurs sans nombre et des plus