Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/601

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disoit tout haut. À chaque fois aussi il donnoit les ordres les plus précis pour qu’on changeât la bande de côté : mais voilà comme les choses vont ici, s’écrioit-il ; rien ne s’y fait. Je ne monterai sûrement pas dans cette voiture ; nous irons à cheval.

Et pourquoi ? dit Yorick. Vous ne trouverez-là que des gens d’église. Ces messieurs, pourvu que le dîner soit bon, ne s’amuseront sûrement pas à critiquer vos armoiries.

Je sais, répliqua mon père, qu’ils sont indulgens quand ils sont là. Mais il n’importe : nous irons à cheval.

Mon oncle Tobie fit une réflexion, mon père en fit une autre et s’entêta : il fallut renoncer à la voiture.

Le chapitre que j’ai déchiré étoit la description de cette pompeuse cavalcade.

La marche étoit d’abord ouverte par Obadiah et par Trim, montés chacun sur un gros cheval de carosse, allant d’un pas grave et pesant comme une patrouille.

C’étoit ensuite mon oncle Tobie en uniforme, serrant la botte à mon père, qui ne cessoit de discourir sur l’avantage des sciences abstraites, tandis que mon oncle Tobie, en lui froissant la jambe, lui prouvoit que la cavalerie doit marcher serrée.