Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/602

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Yorick, les doigts en l’air et tout prêt… On croit peut-être qu’il étoit tout prêt à leur donner la bénédiction en cas d’attaque… Non, il étoit tout prêt à leur imposer silence pour qu’ils écoutassent les passages les plus brillans d’un sermon nouveau qu’il avoit fait, et qu’il vouloit débiter à la docte assemblée où il alloit se trouver.

Cette description, au second coup-d’œil que j’y jetai, me parut si fort au-dessus de tout le reste de mon livre, que je me déterminai à la supprimer.

Quel est le mérite d’un bon ouvrage ? n’est-ce pas l’accord, l’équilibre, les proportions qu’on lui donne qui en font le prix et la perfection ? Une foule innombrable de nouveaux Scudéris nous inondent tous les jours de productions informes et bizarres… Que ne se disent-ils ce que j’en dis ? faire un livre et chanter une chanson est la même chose. Il importe peu quel ton l’on prend, mais il faut être d’accord avec soi-même :


Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.


Cela est très-beau : mais ce fameux chantre d’Alaric chanta comme s’il n’eût pas été digne de chanter le dernier de ses goujats ! et moi je chante et je chanterai toujours à