Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/634

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Les choses descendent et ne remontent point, dit celui-ci. C’est un axiome de droit.

Les enfans, reprit Triptolême, sont du sang de leur père et de leur mère ; c’est une vérité qu’on ne peut nier : mais le père et la mère ne sont pas du sang de leurs enfans ; c’est une autre vérité. Les enfans sont procréés ; mais ils ne procréent pas. En deux mots, liberi sunt de sanguine patris et matris ; sed pater et mater non sunt de sanguine liberorum. Or.....

Fort bien, dit Didius. Mais votre argument prouve trop : il s’ensuivroit que le père ne seroit pas plus parent de son fils que la mère.

Mais, reprit Triptolême, ignorez-vous donc que c’est la meilleure opinion ? Le père, la mère, le fils sont trois individus : mais il ne font qu’une chair, una caro. Ergò, il ne peut y avoir de parenté.

Vous poussez encore l’argument trop loin, repartit Didius.

Oh ! oh ! dit Triptolême.

Oui, trop loin, beaucoup trop loin. Vous avouerez qu’il n’y a rien dans la nature qui empêche un homme d’avoir un enfant de sa grand-mère. Supposons maintenant que cet enfant soit une fille…