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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/83

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une association pour chasser le vice hors des limites du monde. Changeons la scène, et qu’il voie la réception que la société fait au vice, il connoîtra que sa conduite est en opposition avec ses paroles ; ce qu’il a entendu sera tellement contrarié par ce qu’il voit, qu’il ne saura auquel de ses sens il pourra désormais se fier.

Ah ! s’il en étoit autrement, c’est-à-dire si les personnes qui méritent la louange, obtenoient seules un bon accueil ; s’il étoit d’une conséquence irréfragable qu’un homme qui a perdu ses vertus, perdît, en même-temps, ses amis, les avantages de la naissance et de la fortune, et qu’il fût ravalé au rang le plus bas parmi ses frères ; si la qualité n’étoit pas un port derrière lequel les femmes abritent leur honneur presque naufragé ; et si celle qui a perdu sa réputation perdoit aussi tous ses droits au respect et même à la civilité publique ; si, en un mot, l’on inséroit dans notre cérémonial une loi qui notât d’infamie ceux que l’opinion a déjà notés, une loi qui défendît de les visiter, d’en être visités, une loi qui fermât à leur rencontre toutes les portes qui conduisent aux fonctions de la société, jusqu’à ce qu’ils l’eussent satisfaite par de meilleurs