Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/87

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qui ne peut pas, au contraire, lui donner de la modestie ? Ah ! que j’aime cette sentence prononcée depuis long-temps sur lui : La vanité n’est point faite pour l’homme ! cette passion peut exister pour quelqu’autre créature et pour quelqu’autre dessein, mais non pas pour lui : il n’est point d’être à qui elle convienne si peu.

Donnerai-je à tout cela, me direz-vous, un froid consentement ? cette vérité est-elle incontestable ? oh ! peut-être avez-vous quelque raison d’être vain ! Écoutons-la.

Vous avez les avantages d’une haute naissance et des titres pompeux, ou ceux de la faveur dans la cour des rois, ou ceux d’une grande fortune, de grands talens, d’un grand savoir ; ou bien la nature a épuisé ses dons et ses grâces en vous formant. Parlez… Sur laquelle de ces qualités avez-vous fondé et élevé le temple où vous vous exposez à l’adoration ? examinons-les.

Vous êtes bien né..... Eh ! croyez-moi, l’humilité ne peut pas polluer le sang qui vous anime ; elle ne vous fera pas tomber du haut de votre rang ; elle ne dépouille pas les princes de leurs titres. Comme le clair-obscur en peinture, elle fait saillir le héros du fond du tableau, et détache sa figure