Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/88

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du groupe où elle seroit confondue sans elle.

Vous êtes riche… Étendez, éparpillez vos richesses ; rachetez-en la haine, par la douceur de vos mœurs. Descendez vers vos inférieurs, soulagez le malheur, étayez la foiblesse, vengez l’opprimé : soyez grand. Considérez cet argent comme des talens entassés dans un vaisseau d’argile : vous n’en êtes que le dépositaire. Être obligé d’en rendre compte et être vain, c’est allier la pauvreté et l’orgueil. Oh ! bien absurde assemblage !

Vous êtes puissant et en crédit ; une foule servile de clients se traîne sur vos pas… De quoi seriez-vous orgueilleux ? de ce qu’ils ont faim ? chassez, chassez ces sycophantes, ils en ont abusé mille autres.

Mais le rang a été donné à ma dextérité et à mes lumières : soit… Et vous êtes vain d’une place où vous devenez la butte titrée, contre laquelle se dirigent la vengeance de l’un, la malice de l’autre et l’envie de tous, dans laquelle les hommes les plus honnêtes ne peuvent pas même échapper au soupçon, et dont les fripons cherchent sans cesse à vous détrôner, Quoi ! seriez-vous vain d’une faveur incertaine ? Aman l’étoit ainsi, parce qu’il étoit admis aux banquets d’Esther.

Passons aux prétentions que le savoir peut