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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/92

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Qu’on lise les traductions de Sophocle, de Théocrite, de Pindare même, y trouvera-t-on autre chose que quelques vestiges légers des grâces qui nous ont charmés dans les originaux ? concluons-en que la pompe de l’expression, la suavité des nombres et la phrase musicale constituent la plus grande partie des beautés de nos auteurs classiques, tandis que celle de nos écritures consiste plutôt dans la grandeur des choses mêmes, que dans celle des mots. Les idées y sont si élevées de leur nature, qu’elles doivent paroître nécessairement sublimes dans leur modeste ajustement ; elles brillent à travers les plus foibles et les plus littérales versions de la bible.

La glorieuse description de la création du ciel et de la terre, dont Longin, le meilleur de nos anciens critiques, étoit enthousiasmé, n’a rien perdu de son mérite intrinsèque ; et quoiqu’elle ait subi diverses traductions, elle triomphe encore, et étonne par sa force et sa véhémence, comme dans l’original. Mille passages suivans de l’écriture jouissent des mêmes droits : la description tant célébrée d’une tempête au pseaume 107 ; les touchantes réflexions du saint homme Job, sur la brièveté de la vie, et l’instabilité des choses