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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/91

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opposée à celle que je viens de censurer ; et elle caractérise véritablement les saintes écritures. Son excellence ne dérive pas d’une élocution travaillée et amenée de loin, mais d’un mélange étonnant de simplicité et de majesté, double caractère si difficilement réuni, qu’on le trouve bien rarement dans les compositions purement humaines.

Les pages saintes ne sont pas chargées d’ornemens superflus et affectés. L’Être infini, ayant bien voulu condescendre à parler notre langage, pour nous apporter la lumière de la révélation, s’est plu, sans doute, à le douer de ces tournures naturelles et gracieuses, qui devoient pénétrer nos ames.

Observez que les plus grands écrivains de l’antiquité, soit grecs, soit latins, perdent infiniment des grâces de leur style, quand ils sont traduits littéralement dans nos langues modernes.

La fameuse apparition de Jupiter, dans le premier livre d’Homère, sa pompeuse description d’une tempête, son Neptune ébranlant la terre et l’entrouvrant jusqu’à son centre, la beauté des cheveux de sa Pallas, tous ces passages, en un mot, admirés de siècles en siècles, se flétrissent, et disparaissent, presque entièrement, dans les versions latines.