Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/25

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CHAPITRE III.

Préambule.


Sans ces deux vigoureux petits bidets, montés par ce fou de postillon qui me mena de Stilton à Stamford, l’idée ne m’en seroit jamais venue. — Nous allions comme le vent. — Il y avoit une côte de trois milles et demi : — nous touchions à peine la terre. — C’étoit le mouvement le plus rapide, le plus impétueux ! il se communiquoit à ma cervelle. — Mon cœur même y participoit.

Tant de force et de vîtesse dans deux petites haridelles, confondoit tous les calculs de ma raison et de ma géométrie. —

« Par le grand Dieu du jour ! m’écriai-je, en regardant le soleil et lui tendant les bras, par la portière de ma chaise, — » je fais vœu, en rentrant chez moi, de brûler tous mes livres, et de jeter la clef de mon cabinet d’étude quatre-vingt-dix pieds sous terre, dans le puits qui est derrière ma maison. »

Le coche de Londres me confirma dans cette résolution. — Il suivoit le même chemin que nous, avançant à peine, et lourdement traîné par huit colosses qui le guindoient à