Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas lents au haut de la côte. — Il se traînoit sur notre piste, et nous étions déjà bien loin. — « Oui, je les brûlerai, m’écriai-je, je brûlerai jusqu’au dernier volume. Suivra le chemin battu qui voudra ; je veux ou me frayer une nouvelle route, ou me tenir tranquille. »

La plupart de nos auteurs ressemblent trop au coche de Londres.

Dites moi, messieurs, compterons-nous toujours la quantité pour tout, et la qualité pour rien ?

Ferons-nous toujours de nouveaux livres, comme les apothicaires font de nouvelles drogues avec d’autres drogues toutes faites ?

Ne ferons-nous jamais que nous traîner sur la même piste ? — toujours au même pas ? —

Passerons-nous éternellement notre vie à montrer les reliques des savans, comme les moines montrent les reliques des saints, — sans pouvoir en obtenir un seul miracle ?

Comment se fait-il que l’homme, dont la pensée s’élance jusques dans les cieux, — l’homme, la plus belle, la plus excellente et la plus noble des créatures, — le miracle de la nature, comme l’appelle Zoroastre, (dans son livre sur la nature de l’ame), — le miroir de la présence divine, selon Saint