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Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/282

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de Flixcourt, Péquigny, puis enfin Amiens, — Amiens, où la belle Jeanneton avoit fait son apprentissage, mais où Jeanneton n’étoit plus, et où par conséquent rien n’étoit digne de m’arrêter. —

Mais en arrivant à la poste, on détela ma chaise, et l’on établit mes brancards sur des tréteaux. — Quelle est cette mode, dis-je ? prétend-on par-là me faire aller plus vîte ? — J’appris que le courrier d’une berline qui alloit arriver, avoit retenu tous les chevaux, et que je ne pourrois partir qu’après que les miens auroient mangé l’avoine.

« Mais si monsieur veut descendre en attendant ? » —

Monsieur préféra de rester dans sa chaise. — Mais pour l’amour de Dieu, garçon, qu’on se dépêche. — ......

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je n’ai rien, mon bon-homme, lui dis-je. — C’étoit à un vieillard couvert de haillons, qui s’étoit avancé jusqu’à deux pas de la portière, son bonnet de laine rouge à la main. — Son geste et ses yeux demandaient, sa bouche ne parloit pas. — Il avoit un chien qui tenait, ainsi que son maître, ses yeux fixés sur moi, et qui semblait aussi solliciter ma charité. —