Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/344

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CHAPITRE XXII.

Tablettes perdues.


Quoique je sentisse bien que tout ce que j’avois dit au commis pouvoit valoir ses six livres quatre sols, j’étois pourtant déterminé à faire note de cet impôt sur mes tablettes avant que de quitter la place. — Ainsi, je mis la main dans la poche de mon habit pour chercher mes tablettes. — Mon aventure peut servir d’avis aux voyageurs à venir de prendre un peu plus garde aux leurs… les miennes n’y étoient plus. —

Jamais aucun voyageur désolé n’a fait pour ses tablettes autant de train et de carillon que j’en fis pour les miennes.

« — Ciel ! terre ! mer ! feu ! m’écriai-je, appelant tous les élémens à mon secours, on m’a volé mes tablettes ! — que vais-je devenir ? — Monsieur le commis, de grâce, mes tablettes où étoient mes remarques, ne les ai-je pas laissées échapper tandis que nous causions ensemble ? » —

« Quant aux remarques, dit-il, vous en avez laissé échapper un bon nombre de fort