Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/369

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Cette proposition ne frappe personne ; au contraire, elle semble diamétralement opposée au cours ordinaire des effets et des causes. —

Mais c’est ce qui montre la foiblesse et l’insuffisance de la raison humaine. —

« Et vous ne laissez pas, monsieur de jouir d’une parfaite santé ? » —

« La plus parfaite, madame, que l’amitié même puisse me désirer. » —

« Quoi, monsieur ! ne buvant rien, absolument rien que de l’eau ! » —

— Impétueux fluide ! au moment que tu presses contre les écluses du cerveau, vois comme elles cèdent à ta puissance ! —

La curiosité paroît à la nage, faisant signe à ses compagnes de la suivre ! elles plongent au milieu du courant. —

L’imagination s’assied en rêvant sur la rive. — Elle suit le torrent des yeux, et change les brins de paille et de jonc en mats de misaine et de beau-pré. — À peine la métamorphose est-elle faite, que le desir, tenant d’une main sa robe retroussée jusqu’au genou, survient, les voit et s’en empare. —

Ô vous, buveurs d’eau ! est-ce donc par le secours de cette source enchanteresse que