Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais mon oncle Tobie n’étoit rien moins que buveur d’eau. Il ne la buvoit ni pure, ni mêlée, ni d’aucune manière, ni en aucun lieu, — excepté peut-être dans quelque poste avancé où l’on ne pouvoit avoir de meilleur liqueur. Peut-être aussi dans le temps de sa blessure, lorsque le chirurgien ne cessant de lui dire qu’il falloit détendre ses fibres, et que la réunion de la plaie s’en feroit plus vîte ; — mon oncle Tobie consentoit à en boire pour l’amour de la paix.

— Tout le monde sait que dans la nature il n’y a point d’effet sans cause. — Et l’on, sait également que mon oncle Tobie n’étoit ni tisserand, ni jardinier, ni gladiateur, à moins que vous prétendiez que capitaine soit l’équivalent de gladiateur ; mais il étoit simplement capitaine d’infanterie. D’ailleurs, ceci est une explication forcée. — Nous n’avons donc rien à supposer que cette malheureuse jambe. Mais dans la présente hypothèse, elle ne nous serviroit qu’autant que son accident auroit été la suite de quelque mal au pied ; mais la jambe de mon oncle Tobie n’avoit maigri par l’effet d’aucun désordre dans le pied. — Que dis-je ? La jambe de mon oncle Tobie n’avoit pas maigri du tout. Elle étoit un peu roide et sans grâce,