Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/391

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sentira les raisons, faisoit tomber la pipe des mains de mon oncle Tobie tout le plutôt possible. — Elle se servoit pour cela de plusieurs prétextes, dont le plus commun étoit le besoin de désigner plus clairement sur la carte quelque redoute ou quelque parapet. — Mais, soit d’une manière, soit d’une autre, il n’étoit pas possible à mon pauvre oncle Tobie de parcourir plus de dix toises avec sa pipe. —

Mon oncle Tobie étoit alors obligé de faire usage de son premier doigt. —

Et voyez la différence qui en résultoit pour l’attaque ! en promenant son doigt sur la carte (comme dans le premier cas) vis-à-vis le bout de la pipe de mon oncle Tobie, la veuve Wadman auroit parcouru toutes les lignes de Dan à Bershabée (si les lignes de tnon oncle Tobie se fussent prolongées si loin) sans produire aucun effet. Le bout de la pipe n’ayant ni artère, ni chaleur vitale, n’étoit susceptible d’aucune sensation, et ne pouvoit ni communiquer la chaleur par attouchement, ni la recevoir par sympathie. Tout se passoit en fumée. —

Mais avec le doigt de mon oncle Tobie, tout changeoit de face. La veuve, en le suivant de près avec le sien à travers tous les