Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/392

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petits détours et les zigzags des ouvrages, — le touchant de temps en temps par côté, — passant quelquefois sur l’ongle, — et quelquefois s’y accrochant, — le rencontrant tantôt à droite, tantôt à gauche ; — enfin, le harcelant sans cesse, la veuve ne pouvoit manquer d’exciter au moins un certain je ne sais quoi.

Ces escarmouches, quoique légères et encore assez distantes du corps de la place, ne laissoient pas que d’y conduire. Si au milieu de ces escarmouches la carte se détachoit et venoit à glisser le long de la guérite, mon oncle Tobie, simple comme la colombe, posoit aussitôt sa main dessus et à plat, pour contenir la carte, en continuant son explication ; et mistriss Wadman, par une manœuvre aussi prompte que la pensée, plaçoit sa main tout à côté de celle de mon oncle Tobie. Par ce moyen, elle établissoit une communication suffisante pour laisser passer et repasser toute sensation connue de toute personne un peu versée dans la partie élémentaire et pratique de la galanterie.

Alors elle recommençoit à promener son doigt à côté de celui de mon oncle Tobie ; le jeu de ce premier doigt amenoit celui du pouce ; — et sitôt que le pouce étoit engagé,