Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/400

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une toute aussi grande, de les avoir laissé subsister ? » —

« Tu as raison, Trim, dans les deux cas, dit mon oncle Tobie. — Aussi, poursuivit le caporal, monsieur a pu remarquer que depuis le commencement de la démolition jusqu’à la fin, je n’ai pas une seule fois sifflé, ni chanté, ni ri, ni pleuré, ni parlé de nos anciennes guerres, ni raconté à monsieur une seule histoire, bonne ou mauvaise. » —

« Tu es, Trim, dit mon oncle Tobie, rempli d’excellentes qualités ; et je ne regarde pas comme la moindre (étant conteur d’histoires comme tu l’es) d’avoir su au travers de toutes celles que tu m’a dites, soit pour me divertir dans mes travaux, soit pour me distraire dans mes chagrins, d’avoir su, dis-je, ne m’en raconter presque jamais que de bonnes. » —

« Avec la permission de monsieur, c’est qu’à l’exception du roi de Bohême et de ses sept châteaux, il n’y en a pas une qui ne soit vraie ; car elles me regardent toutes. »

« C’est ce qui fait, Trim, dit mon oncle Tobie, que je les aime davantage. — Mais quelle est cette nouvelle histoire ? tu viens d’exciter ma curiosité. »

« Je vais, dit le caporal, la raconter à