Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/401

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monsieur. — Pourvu, dit mon oncle Tobie, en regardant tristement Dunkerque et le mole, — pourvu que ne soit pas une histoire enjouée ; car à des histoires de ce genre, il faut que l’auditeur apporte avec lui la moitié du plaisir, — et la disposition où je me trouve en ce moment nuiroit à toi, Trim, et à ton histoire. — Il n’y a, dit le caporal, rien d’enjoué dans mon histoire. Je ne voudrois pas non plus, ajouta mon oncle Tobie, qu’elle fût trop triste. — Elle ne l’est pas non plus, répliqua le caporal ; — en un mot elle convient parfaitement à monsieur. — Eh bien ! je t’en remercie de tout mon cœur, s’écria mon oncle Tobie, et tu me feras plaisir de la commencer. » —

Le caporal fit la révérence. — Quoi qu’il ne soit pas aussi aisé que le monde l’imagine, d’ôter avec grâce un bonnet de housard qui n’a point de consistance, — ni moins difficile, à mon avis, quand on est assis par terre, de faire une révérence aussi remplie de respect que les révérences ordinaires du caporal, — cependant en faisant glisser la paulme de sa main droite, laquelle étoit du côté de son maître ; en la faisant glisser, dis-je, en arrière sur le gazon, et un peu plus loin que son corps, pour donner à celle-