Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conterai de ma vie, ni à homme, ni à femme, ni à enfant. À d’autres, s’écria mon oncle Tobie ! » mais d’un ton de voix si bon, si encourageant, que le caporal reprit son histoire avec plus d’allégresse que jamais. —


Suite de l’histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux.


« Il étoit, sauf le respect de monsieur, dit le caporal, en élevant la voix et frottant joyeusement les deux paumes de ses mains l’une contre l’autre, — il étoit une fois un certain roi de Bohême..... » —

« Laisse la date entièrement, Trim, dit mon oncle Tobie, en se penchant vers le caporal, et appuyant doucement sa main sur son épaule pour adoucir la petite peine qu’il pouvoit lui faire en l’interrompant, — laisse la date entièrement, Trim. Une histoire passe à merveille sans tant de précision ; et à moins qu’on n’en soit bien sûr… — Bien sûr, dit le caporal, en secouant la tête ! — J’en conviens, répondit mon oncle Tobie. — Il n’est pas aisé, Trim, qu’un homme comme toi et moi, nourri dans les armées, qui a rarement regardé devant lui plus loin que le bout de son fusil, et derrière lui au-delà de son