Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

havresac, en sache beaucoup sur cette matière. »

« Morbleu, dit Trim, vaincu par la manière de raisonner de mon oncle Tobie, autant que par le raisonnement lui-même ! — un soldat a bien autre chose à faire ; — car, sans parler des batailles, des marches, ni du service de garnison, n’a-t il pas son fusil à éclaircir, — son habit à nétoyer, — ses moustaches à cirer ; lui-même enfin à raser et à tenir propre, de manière à paroître toujours comme à la parade ? — Quel besoin, ajouta le caporal, d’un air triomphant, quel besoin, (je le demande à monsieur) — un soldat peut-il avoir de savoir un seul mot de géographie ? » —

« Tu devois dire, chronologie, Trim, dit mon oncle Tobie ; car pour la géographie, elle est pour lui d’un usage indispensable. Il faut qu’il connoisse parfaitement tous les pays où son métier l’entraîne, et les confins de ces pays ; — il faut qu’il en connoisse chaque ville, village, bourg, hameau, avec les routes, les canaux et les chemins creux qui y aboutissent. — S’il passe une rivière ou un ruisseau, il faut, Trim, qu’à la première vue il puisse en dire le nom, — dans quelle montagne il prend sa source, — quel est son