Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/411

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teur, et les circonstances qui lui ont donné naissance.

» Je suis loin de contester, continua mon oncle Tobie, ce dont les historiens conviennent ; savoir qu’en l’an de Notre Seigneur treize cent quatre-vingt, sous le règne de Vinceslas, fils de Charles IV, un certain prêtre, nommé Schwartz, apprit aux Vénitiens l’usage de la poudre dans leurs guerres contre les Génois. Mais il est certain qu’il ne fut pas le premier ; — car si nous en croyons dom Pèdre, évêque de Léon..... — Bon Dieu, dit Trim, qu’est-ce que des prêtres et des évêques avoient à faire de se creuser la tête pour la poudre à canon ? — Dieu le sait, dit mon oncle Tobie, sa providence opère le bien par qui il lui plaît. — Dom Pèdre donc affirme, en sa chronique du roi Alphonse, lequel subjugua Tolède, qu’en l’an treize cent quarante-trois, (c’est-à-dire trente-sept avant l’autre époque,) le secret de la poudre étoit bien connu, et qu’elle étoit dès-lors employée avec succès, tant par les Maures que par les Chrétiens, non-seulement sur mer, mais dans plusieurs de leurs sièges les plus mémorables en Espagne et en Barbarie. — Et tout le monde sait que le moine Bacon a écrit expressément sur la