Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/418

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Luxembourg. — Je le vois avec son écharpe flottante ranimant le courage de ce pauvre régiment de Galway. Je le vois courant le long de la ligne, se retournant aussi-tôt, et chargeant Conti à la tête des siens. — Brave, — brave prince, s’écria mon oncle Tobie ! par le ciel, il mérite la couronne ! — Comme un voleur mérite la corde, s’écria Trim. »

Mon oncle Tobie connoissoit la loyauté du caporal, autrement la comparaison n’auroit pas été de son goût. Mais le caporal n’y avoit pas songé en la faisant. — Au reste, il n’y avoit pas moyen de revenir sur ses pas ; ce que le caporal avoit de mieux à faire étoit de continuer son récit.

« Le nombre des blessés étoit prodigieux ; chacun ne pensoit qu’à sa propre sûreté. — Cependant, dit mon oncle Tobie, Talmash fit la retraite de l’infanterie avec beaucoup d’ordre. — Je n’en restai pas moins sur le champ de bataille, dit le caporal. — Misérable garçon, répliqua mon oncle Tobie ! — Tellement qu’il étoit midi du lendemain, continua le caporal, avant que je fusse échangé et mis dans une charrette avec trente ou quarante autres blessés, pour être conduit à notre hôpital.

» Il n’y a aucune partie du corps, sauf le