Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/422

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jeune femme, le paysan et la femme du paysan. J’étois couché en travers sur le lit qui étoit dans le coin de la chambre ; ma jambe blessée reposoit sur une chaise, et la jeune femme à côté de mon lit tenoit d’une main sous mon nez le coin de son mouchoir imbibé de vinaigre, et de l’autre m’en frottoit les tempes.

» Je la pris d’abord pour la fille du paysan ; car ce n’étoit pas une auberge ; — et je lui offris une petite bourse où il y avoit dix-huit florins. — C’étoit encore un gage, continua Trim, en essuyant ses yeux, que ce pauvre Tom en partant pour Lisbonne m’avoit envoyé par un soldat de recrue.

» Je n’avois jamais fait ces tristes détails à monsieur. » Trim essuya ses yeux une troisieme fois. —

» La jeune femme appella le vieillard et sa femme, et leur montra l’argent, sans doute pour m’obtenir d’eux un lit et toutes les petites choses dont je pourrois avoir besoin, jusqu’à ce que je fusse en état d’être transporté à l’hôpital. — Allons, dit-elle ensuite en serrant la petite bourse, je serai votre banquier ; mais comme cette charge ne remplira pas tout mon temps, je serai aussi votre garde malade. »