Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/436

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CHAPITRE LV.

Un clou ne chasse pas l’autre.


Rien ne fait voir les caractères de mon père et de mon oncle Tobie sous un point-de-vue plus plaisant, que leurs différente manière d’agir dans les mêmes accidens. J’appelle l’amour accident et non pas malheur, dans l’opinion où l’on sait que je suis qu’il rend toujours le cœur d’un homme meilleur. — Grand Dieu ! comment devoit être le cœur de mon oncle Tobie quand il étoit amoureux, — étant déjà si parfaitement bon quand il ne l’étoit pas ?

Mon père, comme il paroît par quelques-uns des papiers qu’il a laissés, étoit très-sujet à cette passion avant son mariage. Mais c’étoit toujours avec une sorte d’impatience originale, et même un peu acide ; et quand l’accident lui arrivoit, au lieu de s’y soumettre en bon chrétien, il enrageoit, se démenoit, tapoit des pieds, faisoit le diable à quatre ; et écrivoit contre l’objet de sa passion la diatribe la plus amère dont il pût s’aviser.

J’en ai retrouvé une en vers, qui s’adresse