Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/445

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caporal. — Je le suppose ainsi, dit mon oncle Tobie. »



CHAPITRE LX.

L’âne et le califourchon.


De tout ce que pouvoit dire mon père, si quelque chose étoit capable de désoler mon oncle Tobie, (surtout pendant la durée de ses amours) c’étoit l’usage continuel et perfide que faisoit mon père d’une expression d’Hilarion l’hermite, lequel en parlant de ses jeûnes, de ses veilles, de ses flagellations, et de toutes les macérations pratiquées dans la religion, — disoit, (quoiqu’un peu plus gaiment, ce me semble, qu’il ne convenoit à un hermite) qu’il employoit tous ces moyens pour empêcher son âne de regimber ; voulant dire : pour réprimer l’aiguillon de la chair. —

Mon père étoit enchanté de cette expression, non pas seulement à cause de son laconisme, mais parce qu’elle ravaloit les désirs et les appétits de la partie de nous-mêmes la plus grossière. — Il adopta donc cette métaphore, et il s’en servit constamment pendant plusieurs années de sa vie. Il ne