Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/447

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et malheur à celui qui ne l’empêche pas de regimber.



CHAPITRE LXI.

Coq-à-l’âne.


Dès que mon père eut appris l’amour de mon oncle Tobie : — « Eh bien, mon cher Tobie, lui dit-il en le revoyant, comment va ton âne ?  »

Mon oncle Tobie, plus occupé de sa blessure que de la métaphore d’Hilarion, s’imagina que mon père, par une sollicitude toute fraternelle, lui demandoit des nouvelles de son aine.

Une imagination préoccupée, vous le savez, messieurs, n’a pas moins de pouvoir sur le son des mots que sur la forme des choses ; et un homme dans cette disposition, entend moins la chose qu’on lui dit que celle à quoi il pense.

Cependant la question étonna mon oncle Tobie, — d’autant qu’il aperçut les coins des lèvres de ma mère à demi-relevés, et tout son visage disposé au sourire. Le docteur Slop avoit aussi je ne sais quoi de malin répandu sur sa physionomie. — Enfin, mon père lui-même, en faisant cette question,