Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/469

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le raccommodage des manches n’avoit servi de rien ; — il étoit cependant galonné en plein, et sur toutes les coutures, et devant et derrière, comme au temps du roi Guillaume ; et pour finir la description, il jetoit tant d’éclat au soleil, il avoit un air si métallique et si guerrier, que si le projet de mon oncle Tobie eût été d’attaquer la veuve en armure, il auroit pu lui-même s’y méprendre.

Quant aux culottes d’écarlate, on sait que le tailleur les avoit décousues et les avoit abandonnées. On auroit pu à la rigueur s’en accomoder, mais c’étoit assez que le soir d’auparavant on les eût déclarées incapables de servir, et comme il n’y avoit point d’alternative dans la garderobe de mon oncle Tobie, mon oncle Tobie sortit en culottes de pluche rouge. —

Le caporal avoit endossé l’uniforme du pauvre Lefèvre. Il avoit retroussé ses cheveux sous son bonnet de housard, lequel, comme on sait, avoit été remis presque à neuf. — Il suivoit son maître à trois pas de distance — Sa chemise, renflée à son jabot et autour de ses poignets, annonçoit l’orgueil de son ancienne profession ; et son bâton, suspendu par un petit cordon de cuir noir, dont les deux bouts renoués ensemble