Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/47

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cervelle. — Puisse le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre, le protéger et le guérir ! dit mon oncle Tobie, en priant en silence pour mon père, avec les larmes aux yeux.

Mon père attribua ces larmes au pouvoir de son éloquence, et poursuivit sa harangue avec un nouveau courage.

« Il n’y a pas, frère Tobie, une aussi grande différence que l’on s’imagine entre le bien et le mal. (Ce bel exorde, soit dit en passant, n’étoit pas propre à guérir les soupçons de mon oncle Tobie). Le travail, la tristesse, le chagrin, la maladie, la misère et le malheur sont le cortége ordinaire de la vie. — Grand bien leur fasse ! dit en lui-même mon oncle Tobie.

» Mon fils est mort ! — il ne pouvoit mieux faire. Il a jeté l’ancre à propos au milieu de la tempête.

» Mais il nous a quittés pour jamais. — Eh bien ! il a échappé à la main du barbier, avant d’être chauve ; — il a quitté la fête, avant d’être repu, — le banquet, avant d’être ivre.

» Les Thraces pleuroient quand un enfant venoit au monde… (Ma foi ! dit mon oncle Tobie, nous ne leur ressemblons pas mal ; témoin la naissance de Tristram). Et ils se