Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/517

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j’ai fait une réserve exprès ; j’en prends le public pour juge.

« Adieu, Marie, — adieu, pauvre infortunée. — Un temps viendra, mais non pas aujourd’hui, que je pourrai entendre tes malheurs de ta propre bouche… » Je me trompois. — En ce moment même elle prit son chalumeau, et m’apprit une suite de malheurs et de détails si touchans, que je regagnai ma chaise d’un pas incertain et chancelant, sans avoir la force de l’écouter davantage. —

— Il y a, ma foi, à Moulins une excellente auberge. — Arrêtez-vous y cependant le moins que vous pourrez.



CHAPITRE LXXXIX.


Quand nous serons à la fin de ce chapitre, et non pas plutôt, nous reviendrons sur nos pas pour reprendre ces deux chapitres en blanc, qui me font saigner le cœur depuis une demi-heure. — Mais auparavant, souffrez que j’ôte une de mes pantoufles jaunes, et que je la lance de toute ma force à l’autre bout de ma chambre, en déclarant :

Qu’il est très-incertain que ce que je vais écrire ressemble à ce que j’ai déjà écrit. —