Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/520

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lent pour l’amplification ; et, de toutes les matières, l’amour étoit celle où il étoit le moins versé. Quand il eut dit une fois à la veuve Wadman qu’il étoit amoureux, il s’en tint-là, et attendit paisiblement que la chose opérât. —

Mon oncle Tobie n’a jamais compris ce que mon père vouloit dire par-là. Pour moi, je n’en parle que pour combattre une erreur que je sais être extrêmement répandue, — surtout en France, où l’on est presque aussi persuadé que de la présence réelle, que parler d’amour, c’est le faire.

— Je demandois un jour à un certain marquis, comment il s’y prendroit pour faire du pouding avec la même recette ? —

Mais poursuivons. — Mistriss Wadman s’assit, en attendant que mon oncle Tobie continuât ; et resta ainsi quelques minutes, jusqu’à ce qu’enfin le silence de part et d’autre, devenant en quelque sorte indécent, elle se rapprocha un peu de lui, leva les yeux en rougissant à demi, et ramassa le gant, — ou, si vous l’aimez mieux, elle reprit le discours, et répondit ainsi à mon oncle Tobie.

« Les soins et les inquiétudes de l’état du mariage, dit mistriss Wadman, — sont sou-