Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/519

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CHAPITRE 82.

Déclaration d’amour.


Le caporal avoit à peine laissé tomber le marteau, que la porte s’ouvrit ; et mon oncle Tobie fit son entrée dans la salle si brusquement, que mistriss Wadman n’eut que le temps de sortir de derrière le rideau, de poser une bible sur la table, et de faire deux ou trois pas au-devant de lui.

Mon oncle Tobie salua mistriss Wadman, de la manière dont les hommes saluoient les femmes en l’an de notre Seigneur mil sept cent treize. — Ensuite il se releva, et, marchant de front avec elle, il la conduisit jusqu’au sopha ; — et non pas après qu’elle fut assise, ni avant qu’elle s’assît, mais pendant qu’elle s’asseyoit, il lui dit en trois mots, qu’il étoit amoureux. — On ne pouvoit assurément presser davantage une déclaration. —

Mistriss Wadman baissa les yeux sans affectation, et regarda quelque temps une reprise qu’elle venoit de faire à son tablier, en attendant ce qui alloit suivre. — Mais mon oncle Tobie étoit absolument sans ta-