Page:Sterne - Œuvres complètes, t3-4, 1803, Bastien.djvu/542

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l’épaule ; nous les laissons pendre orgueilleusement à notre côté ; nous les dorons ; nous les gravons ; nous les cizelons ; nous les enrichissons. — Eh quoi ! nous prodiguons des ornemens à la culasse même d’un coquin de canon. »

Mon oncle Tobie posa sa pipe pour tâcher d’obtenir une meilleure épithète ; et Yorick se levoit pour battre en ruine toute l’hypothèse de mon père. —

Quand Obadiah entra brusquement dans la salle, se plaignant amèrement, et demandant à grands cris qu’on voulût bien l’entendre sur-le-champ.

Voici l’aventure.

Mon père, soit par les anciennes coutumes de l’endroit, soit comme possesseur de dixmes considérables, étoit obligé d’entretenir un taureau pour le service de la paroisse ; or Obadiah avoit mené sa vache rendre une visite audit taureau, je ne sais quel jour de l’été précédent. —

Je dis, je ne sais quel jour ; mais le hasard avoit voulu que ce fût le même où il avoit épousé la servante de mon père ; ainsi une époque servoit à rappeler l’autre.

Donc quand la femme d’Obadiah accoucha, Obadiah rendit grâces à Dieu. —