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Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/222

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tenir l’abondance dans la maison d’un paysan, et de l’autre un petit bois qui pouvoit servir d’ornement et fournir le chauffage… Il étoit à-peu-près huit heures du soir lorsque j’y arrivai… Je laissai au postillon le soin de s’arranger, et j’entrai tout droit dans la maison.

La famille étoit composée d’un vieillard à cheveux blancs, de sa femme, de leurs fils, de leurs gendres, de leurs femmes et de leurs enfans.

Ils alloient se mettre à table pour manger leur soupe aux lentilles. Un gros pain de froment occupoit le milieu de la table, et une bouteille de vin à chaque bout, promettoit de la joie pendant le repas : c’étoit un festin d’amour et d’amitié.

Le vieillard se lève aussitôt pour venir à ma rencontre, et m’invite, avec une cordialité respectueuse, à me mettre à table. Mon cœur s’y étoit mis dès le moment que j’étois entré. Je m’assis tout de suite comme un des enfans de la famille ; et pour en prendre plus tôt le caractère, j’empruntai, à l’instant même, le couteau du vieillard, et je coupai un gros morceau de pain. Tous les yeux, en me voyant faire, sembloient me dire que