Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/245

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moi la source d’une satisfaction, d’une félicité ineffable. Comment donc les infortunes passagères du moment peuvent-elles obscurcir ton front ; ce front, où la sérénité devoit fixer son empire ? — Loin d’ici méchant Spléen aux yeux jaunes ! empare-toi de l’hypocrite au cœur double, au regard louche ; saisis ce misérable qui soupire, même en contemplant ses trésors, et tremblant en pensant à la fragilité des portes et des verroux ; — mais songe donc insensé, que la vie elle-même est plus fragile encore ; calcule les jours que tu as encore à vivre, — dix années peut-être ; et peut-être moins. Ne garde que ce qu’il te faut pour ce trajet si court, et donne le reste au véritable indigent.

Puisse ma prière être exaucée, et la misère disparoîtra de dessus la terre ; chaque mois sera pour le pauvre un mois de vendange ?


AMITIÉ.


Quelque prêtre rigide s’imaginera peut-être que c’étoit avant le déjeûner que je faisais cette prière, et pour que ma négociation avec la belle piémontoise eût un heureux succès, — cela peut être.

Ma vie a été un tissu d’accidens, ourdi