Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/265

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« Subterfuge puéril, répondit-il, et bon tout au plus pour en imposer à un fol, ou à un sot. — Il me faut une autre satisfaction. — Avez-vous remis ma lettre et mon portrait ? »

« Non ! cela m’a été impossible. »

« Lâche, lâche ! — Non : tu trouvois qu’il étoit plus sage de travailler pour toi-même. — J’ai entendu tout ce que tu as dit ; il est donc inutile que tu ajoutes le mensonge à la perfidie. »

Ce fut en vain que je demandai à lui prouver mon innocence ; — que je promis de renoncer à toutes mes prétentions sur Angélique, et de voyager dans les contrées les plus éloignées, afin de l’oublier : il fut inexorable. Je ne pus jamais parvenir à lui persuader que je ne l’avois pas trompé à Paris ; que j’avois ignoré qu’Angélique fût la personne à laquelle j’adressois mes vœux ; en un mot, nous arrivâmes à l’endroit où vous nous avez trouvés ; et là, malgré toute ma répugnance, je fus obligé de me défendre, après m’être vu traité à plusieurs reprises de lâche, d’infâme, de poltron : vous savez le reste. — Ainsi parla mon compagnon de voyage, et ses larmes recommencèrent à couler.