Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/298

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Je fus ton ami, sans te connoître ; sois un moment le mien. Ta douce pitié sera ma récompense.

Eliza finit sa carrière dans la patrie de ses pères, à l’âge de trente-trois ans. Une ame céleste se sépara d’un corps céleste. Vous qui visitez le lieu où reposent ses cendres sacrées, écrivez sur le marbre qui les couvre : Telle année, tel mois, tel jour, à telle heure, Dieu retira son souffle à lui, et Eliza mourut.

Auteur original, son admirateur et son ami, ce fut Eliza qui t’inspira tes ouvrages, et qui t’en dicta les pages les plus touchantes. Heureux Sterne, tu n’es plus, et moi je suis resté ! Je t’ai pleuré avec Eliza ; tu la pleurerois avec moi ; et si le ciel eût voulu que vous m’eussiez survécu tous les deux, tu m’aurois pleuré avec elle.

Les hommes disoient qu’aucune femme n’avoit autant de graces qu’Eliza. Les femmes le disoient aussi. Tous louoient sa candeur ; tous louoient sa sensibilité ; tous ambitionnoient l’honneur de la connoître. L’envie n’attaqua point un mérite qui s’ignoroit.

Anjinga, c’est à l’influence de ton heureux climat qu’elle devoit, sans doute, cet