Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/308

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Qu’il est digne de toi ce petit plan de vie si doux que tu t’es formé pour la distribution de la journée !… En vérité, Eliza, tu ne me laisses rien à faire pour toi, rien à reprendre, rien à demander… qu’une continuation de cette admirable conduite qui t’a gagné mon estime, et m’a rendu pour toujours ton ami.

Puissent les roses promptement revenir sur tes joues, et la couleur des rubis sur tes lèvres ! Mais crois-moi, Eliza, ton mari, s’il est l’homme bon et sensible que je désire qu’il soit, te pressera contre son sein, avec une affection plus honnête et vive ; il baisera ton pauvre visage pâle et défait, avec plus de transport que lorsque tu étois dans toute la fleur de ta beauté… Il le doit, ou j’ai pitié lui… Ses sensations sont bien étranges, s’il ne sent pas tout le prix d’une aimable créature comme toi !

Je suis bien aise que miss Light vous soit une compagne dans le voyage ; elle peut adoucir vos momens de peine… J’apprends, avec plaisir, que vos matelots sont de bonnes gens. Vous pourriez vivre, Eliza, avec ce qui est contraire à ton naturel, qui est aimable et doux… Il civiliseroit des sauvages… mais il seroit dommage qu’on te donnât un tel devoir à remplir…


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