Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/307

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sein ; car je n’ai pas honte de reconnoître tout ce que je te dois… Ô la meilleure des femmes ! les peines que j’ai souffertes à ton sujet pendant toute la nuit dernière, sont au-delà du pouvoir de l’expression… Le ciel nous donne, sans doute, des forces proportionnées au poids dont il nous charge. Ô mon enfant ! toutes les peines qui peuvent naître de la double affliction de l’ame et du corps, sont tombées sur toi ; et tu me dis cependant que tu commences à te trouver mieux. Ta fièvre a disparu ; ton mal et ta douleur de côté ont cessé ; puissent ainsi s’évanouir tous les maux qui traversent le bonheur d’Eliza… ou qui peuvent lui donner un seul moment d’alarme ! Ne crains rien… espère tout, Eliza… mon affection jetera une influence balsamique sur ta santé ; elle te fera jouir d’un principe éternel de jeunesse et d’agrément, au-delà même de tes espérances.

Tu as donc placé sur ton bureau le portrait de ton Bramine, et tu veux le consulter dans tes doutes, dans tes craintes ?… Ô reconnoissante et bonne fille ! Yorick sourit avec satisfaction sur tout ce que tu fais… son portrait ne peut remplir toute l’étendue du contentement qu’il éprouve.