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Page:Stevens - Contes populaires, 1867.djvu/10

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IX
PRÉFACE DE L’AUTEUR.

pour embellir le vice et exciter de mauvaises passions, c’est se rendre coupable d’une sorte de sacrilège. Bercer ses lecteurs sans les instruire, leur plaire sans les toucher, c’est profaner le talent qui est un don du Ciel, c’est refuser la noble mission que l’écrivain doit accomplir ici-bas. Sans doute, l’art est un délassement. La littérature peut, comme la peinture et la musique, servir à reposer l’esprit fatigué par des études difficiles, par les soucis de la vie, par les travaux de chaque jour ; mais la poésie serait bien frivole si elle se contentait d’amuser, si, tout en récréant, elle ne donnait pas de sages leçons que ses attraits rendent plus aimables. Le précepte d’Horace sera éternellement vrai : « Le parfait littérateur est celui qui est aussi utile qu’agréable. »

« La doctrine de l’art pour l’art, fausse et funeste, en tous temps, serait aujourd’hui plus fâcheuse que jamais. Lorsque tant d’esprits sont pleins de rêves absurdes et de chimériques systèmes, lorsque les principes qui forment la base de l’ordre social sont ébranlés, lorsque la Religion perd son influence, la famille sa beauté antique, l’honneur son prestige, l’autorité le respect qu’on lui doit, ceux qui ont reçu de